07:39

" Dis-moi que tu me détèstes."

J'ai le cœur brisé. Je suis démolie de l'intérieur, je voulais que tu me rappelles, moi. Je t'ai envoyé balader pour mieux te retrouver, et ça, t'as pas du le comprendre. T'es con. T'as disparu en un souffle, j'ai même pas eu le temps de le retenir. Il s'est envolé comme toi. Silencieusement, et pour toujours. Tu m'avais prévenu pourtant "Si tu me laisses raccrocher, tu ne m'entendras plus jamais." j'avais cru que tu déconnais. J'avais pas prit ça sérieusement, et j'me rends compte que j'aurais peut-être du. J'en bave maintenant. J'ai plus la force de faire semblant, tu sais ? C'était toi ma force. Toute cette carapace de femme froide et au dessus de tout, je peux plus la porter, je suis pas au dessus de toi. Je veux de l'amour vache, ça nous allait bien, tu trouves pas ? La passion nourrissait nos regards assassins et nos coups de fils destructeurs. On était indestructibles. Mais faut croire que t'en as eu marre de tout ça, de cette amour en pointillé, dessiné entre la haine et l'adoration. J'aurais du t'embrasser plus souvent, et apprendre pour toi la définition du mot "tendresse". T'es partit et j'en crève. C'est trop dur, t'étais mon cri, ma fureur, ma douceur. T'étais tout ce que j'étais. J'ai l'impression que je me vide. Que chaque seconde qui passe agrandit ce trou que j'ai à l'âme. Au début ce n'était qu'un bleu, maintenant c'est une plaie béante qui suppure et dégouline. Je crois qu'elle s'est infectée depuis que j'ai compris que je ne te reverrais plus. Qu'on ne s'engueulerait plus à 2heures du mat', et que notre amour ne serait plus que du passé. Des souvenirs que j'oublierais sous l'emprise de la drogue que je prendrais pour t'oublier toi. J'ai envie de sauter par la fenêtre. Elle est ouverte en plus, c'est Dieu qui mtend la main. On peut pas refuser la main du seigneur, tu sais. Ce serait malpoli.
Alors, je m'approche, lentement, inéluctablement, de cette ouverture divine. J'ai tout mon temps pour mourir après tout. Je ne te manquerai pas, dis ? Lorsque tu apprendras mon décès, criera-tu comme moi j'ai crié lorsque j'ai su que c'était fini ? Je crois que c'est ce jour là que je suis morte. Lorsque l'espoir de ton retour s'est éteint. Le téléphone n'a pas sonné & ne sonnera plus jamais. Il n'y avait que toi, comme contact. Seul ton nom pouvait s'afficher. Seules tes insultes pouvaient résonner au bout du fil. & seule je suis, désormais, perdue dans l'immensité de cette solitude. Je grimpe sur le rebord, je me retiens de basculer en avant. J'ose un regard vers mon futur. Vers le dernier sol que je sentirais & qui déchirera ma peau, mes muscles, mes os.
J'ai le vertige de toi, Tommy.
Doucement, je décroche un à un mes doigts. Je ne tiens plus qu'à deux index. Ma vie ne tient plus qu'à deux index.
Une pression sur ma taille. Deux mains fermes me retiennent de la mort. Elles me tirent en arrière. C'est toi ? Tom ? Mon Tom ? Je me retourne vivement alors qu'une voix grave retentit :
"Eh bien ma petite dame, je suis arrivé à temps je crois."
Le concierge. C'est le concierge. Je sens ma tête tourner, la raison me lâcher, mon corps même devenir totalement inerte
. Je sens mon corps basculer en arrière tandis que mes pieds heurtent le bord de la fenêtre. Un bras tente de me rattraper. Échoue. Je vois le flot des voitures se rapprocher inexorablement. & c'est le choc.
Alors que mon sang s'écoule sur le goudron, que je sens mes membres brisés se détacher progressivement de mon corps à mesure que la douleur m'envahit entièrement, j'entends une voix, au loin. Trop loin. Si loin que je ne distingue plus la réalité du rêve. L'enfer du paradis.


"EMMA ! Emma réponds-moi !
C'est Tom ! Putain t'as pas fait ça ? Emma ?"





Texte écrit sous l'emprise de l'émotion.

0 commentaires: